Des jeunes s’engagent pour Festi’Valériane

Qu’est-ce qui motive des jeunes qui n’étaient pas nées au lancement du salon, à s’engager dans la 40ème édition de Festi’Valériane ? Rencontre de trois personnalités inspirantes et entrepreneuses.

Ilona Struyken
Ilona Struyken

qui êtes-vous ? 

Ilona Struyken : Je réalise un bachelier de conseiller en développement durable à l’HEPN et suis stagiaire chez Nature & Progrès.

Lucie Rulot : Je me considère comme une passionnée de nature et d’environnement. Cette passion est arrivée très tôt, en partie car j’ai grandi dans une réserve naturelle à Petit-Modave. J’ai fait le même bachelier qu’Ilona, puis un master en politique économique et sociale à l’UMons. Je me suis spécialisée en économie circulaire et je suis partie en Suède pour travailler sur ce sujet. Je connais bien Nature & Progrès et plus particulièrement le salon (maintenant festival) Valériane, car mon papa a été exposant durant plus d’une vingtaine d’années, en tant que tourneur sur bois (Pierre Rulot).

Anouk Danel : J’ai grandi à Bruxelles et suis sensible à la cohabitation dans des espaces restreints. Je suis bioingénieure spécialisée dans la gestion des forêts et des espaces naturels et j’ai travaillé cinq ans dans ce domaine au sein de structures variées. J’apprécie chez N&P les actions positives, en lien direct avec les savoirs-faires et les territoires, pour trouver des manières d’habiter l’espace tout en prenant soin du vivant qui s’y trouve.

 

que faites-vous pour le festi’valériane ? 

IS : Je réalise le programme pour les publics scolaires et familiaux. J’apprécie que le Festi’Valériane se prépare en co-construction pour enrichir et donner de l’ampleur à l’événement. N&P est à l’écoute de tous les partenaires qui interviennent au salon pour qu’ils fassent part de leurs suggestions, par exemple pour le défilé de mode durable.

LR : J’aide bénévolement au défilé. C’est une mission que j’apprécie beaucoup, car je suis moi-même artisane dans le domaine du textile durable et circulaire. Je fais ce que l’on appelle de l’Upcycling (recréer à partir de vêtements ou de tissus déclassés), ainsi que de la réparation, notamment des trous de mites, c’est pour cette raison que mon nom de créateur est « Studio Mite » (à retrouver sur Instagram et Facebook).

AD : Je participe au Comité Festi’Valériane pour aider l’équipe à garder un regard transversal sur le festival. J’ai aussi à la préparation des festivités et activités culturelles.

quel sens revêt votre engagement chez nature & progrès ? 

IS : J’ai souffert d’éco-anxiété pendant cinq ans, de mes 15 à mes 20 ans. Cela se manifestait par des crises d’angoisse, des pensées négatives. J’étais dans un cercle vicieux, je ne faisais plus de sport, je ne parlais plus à personne, je mangeais des crasses.Je surfais beaucoup sur les réseaux sociaux, en regardant des posts vraiment affligeant concernant l’état du monde et la crise environnementale. J’étais en dissonance cognitive, j’avais des valeurs mais mes agissements étaient contradictoires. Ce qui m’a permis de sortir de tout ça, c’est d’arrêter Instagram, de me déconnecter. Je suis passée à l’action, en réorganisant mon habitation dans le courant du minimalisme ou en nettoyant mon quartier (clean walking). Je faisais ce que je pouvais à mon échelle et ça me donnait du plaisir. Il y avait un côté thérapeutique répondant à ma recherche de sens, et cela continue aujourd’hui à travers mes missions chez N&P.

AD : Je partageais ces questions à l’université, où malgré l’urgence transmise, l’action paraissait trop loin des bancs sur lesquels je restais assise. En découvrant le monde du travail, j’ai aussi fait face aux freins au changement. A tous ces moments, Festi’Valériane m’a aidée à sortir des blocages institutionnels pour découvrir une palette de possibles, rassemblant un réseau très diversifié d’acteurs et de projets réunis qui inspirent et apportent des réponses concrètes dans des domaines variés. Ca donne de la joie et de l’oxygène.

 
Anouk Danel

LR : Ce que j’aime chez N&P et plus particulièrement dans sa revue Valériane, ce sont ces informations qui ciblent des aspects locaux de la transition. Nombre d’articles sur l’environnement font état de problèmes globalisés, mais qui ont tendance à être fatalistes pour le lecteur qui n’a pas de pouvoir d’action. A contrario, les articles de Valériane ont un aspect positif, car ils permettent d’avoir une information plus localisée, un compte-rendu des actions déjà entreprises, mais également des propositions d’actions accessibles, à l’échelle d’un citoyen.

LR : Ce que j’aime chez N&P et plus particulièrement dans sa revue Valériane, ce sont ces informations qui ciblent des aspects locaux de la transition. Nombre d’articles sur l’environnement font état de problèmes globalisés, mais qui ont tendance à être fatalistes pour le lecteur qui n’a pas de pouvoir d’action. A contrario, les articles de Valériane ont un aspect positif, car ils permettent d’avoir une information plus localisée, un compte-rendu des actions déjà entreprises, mais également des propositions d’actions accessibles, à l’échelle d’un citoyen.

Je me suis engagée chez N&P, car je veux pouvoir donner de mon temps pour des projets qui ont du sens à mes yeux. Les relations non-monétaires se font de plus en plus difficilement alors qu’elles sont bénéfiques pour la société, mais également pour nous. Je me suis rendu compte qu’il était important de prendre part à des activités ou de bien s’entourer de personnes ayant des valeurs similaires afin de s’encourager et de persister dans nos engagements écologistes. La tendance actuelle tend à nous décourager et c’est d’autant plus difficile d’agir lorsque dans notre quotidien la préservation de l’environnement est presque absente.

Par exemple, lors de mon master à l’Umons, j’avais remarqué qu’il y avait un gros manquement au niveau de l’écologie dans ma faculté. J’ai alors décidé de fonder une association étudiante (le Koté Durable) en 2021 afin d’agir, de mobiliser, d’inspirer, mais également afin d’être une antenne de rencontre et d’encouragement entre étudiants investis.

AD : Je trouve beau ce projet reliant des acteurs qui agissent à des niveaux et dans des domaines très divers, avec différentes visions de la société, de l’agriculture, des ressources naturelles. N&P fédère ces acteurs pour chercher des solutions ensemble. On retrouve du plaisir à agir pour et dans l’environnement, que ce soit dans l’habitat, la nourriture, etc. N&P agit autant sur le terrain avec les producteurs et les jardiniers, qu’au niveau des propositions politiques : l’action positive renforce le travail de plaidoyer en contexte de résistance au changement.

Je voudrais aussi parler du rapport au temps qui a changé. Aujourd’hui, on peut rester des heures chez soi à scroller sur un téléphone. Mais on peut aussi se dire : « Je n’ai rien à faire cet après-midi, je vais aller au potager du coin, aider au home en face de chez moi, etc ». Il y a un don de temps possible, qu’à l’époque on ne voyait peut-être même pas comme un don mais comme la norme. Tu es tout seul chez toi et tu n’as rien à faire, alors tu sors et tu vois ce que tu peux faire pour les communs. Est-ce qu’il faudrait attendre la retraite pour faire du bénévolat ? Le temps est important et peut remplacer l’argent. Par exemple, dans les Services d’Echanges Locaux (SEL), on se rend service contre service, au lieu de payer avec de l’argent. Un autre exemple concerne le temps de travail. Quel sens ça a que deux parents travaillent à temps-plein pour payer la crèche de leur nouveau-né ? On oublie de questionner les impacts de ce temps-plein sur la santé de chacun et sur la gestion quotidienne de la famille. Dans mon cas, donner de mon temps à Festi’Valériane a beaucoup de sens !

Il existe les Festivals Nourrir, Maintenant, Demain… Qu’est-ce qu’un jeune va trouver d’unique à Festi’Valériane ?

Lucie Rulot

AD : Festi’Valériane est né à un moment où il n’y avait pas tout ça, et continue de jouer ce rôle d’éclaireur malgré l’instabilité et l’inconfort que cela peut représenter. Il faut accepter d’être à contre-courant, se dire que quand on est assis dans la rivière, on n’est pas immobile. La résistance prend de multiples formes.

IS : Par exemple, les ados et les jeunes cherchent leur identité, notamment vestimentaire. Le défilé va montrer une voie alternative à la fast-fashion. La force de Festi’Valériane est son côté intergénérationnel, c’est une proposition pour tous les âges.

LR : Si un jeune est en questionnement, qu’il désire prendre des distances avec la culture du « fast » (vie rapide et superficielle) et qu’il veut renouer avec des valeurs plus terre-à-terre, je pense qu’il trouvera au Festi’Valériane tous les acteurs qu’il recherche. C’est pour moi, un univers unique et complet d’artisans, de producteurs, d’acteurs, d’associations, et de personnes mobilisées autour d’idées et de valeurs communes : vivre et consommer de façon responsable. Contrairement à d’autres événements où j’ai l’impression que les exposants sont des bonus, et non au cœur du changement comme c’est le cas ici.

AD : C’est l’idée d’une communauté ouverte et fédérée par des valeurs écologiques et sociales. Marielle Macé dit qu’il faut construire des cabanes, non pour tourner le dos au monde, mais pour le vivre autrement. Pour moi, Festi’Valériane est une cabane ensoleillée dans un monde des possibles. Le troc du mot « festi’ » contre « salon » est une belle évolution : on a besoin de faire fête, de célébrer tout ce que cette communauté vit depuis 40 ans, avec le défilé, la poésie, la musique. Ce sera comme un voyage, une immersion dans un village à la rencontre de tous ces acteurs de changement.

ASTUCE ! 

Festi’Valériane, c’est gratuit jusqu’à 25 ans inclus, qu’on se le dise !

Propos recueillis par Joaquim Lesne 

Contact : joaquim.lesne@natpro.be – 081/32.30.56